Savoir écrire

Je dessine depuis que je sais tenir un crayon (même si, au fond, ma mère m’a souvent dit que je ne tenais pas mes crayons « comme il faut »…) mais je ne suis pas certaine de me souvenir à quel moment j’ai commencé à écrire.

Je voulais devenir écrivaine, et artiste. On me disait que c’était difficile, et que ce n’était pas payant. Je m’en foutais.

Un jour, ma mère m’a dit que si je voulais devenir écrivaine, je devrais étudier en littérature. Je lui ai répondu: «Je n’ai pas besoin d’apprendre à écrire, je le sais déjà!»

Malheureusement, je ne sais pas quel âge j’avais quand j’ai dit ça, avec beaucoup de conviction et quelque chose qui ressemblait peut-être à du snobisme. Je sais seulement que j’étais jeune.

C’était peut-être à la même époque où, avec mon frère et une de mes cousines, on jouait à Ce qu’on voulait devenir plus tard. On se faisait chacun une genre de cabane, dans la cave, et on faisait semblant d’être des adultes et d’avoir un métier. Je ne me souviens plus exactement de leurs métiers à eux… Je crois qu’ils changeaient à chaque fois qu’on jouait. Moi, je jouais toujours à être écrivaine: je restais dans ma cabane avec un paquet de feuilles, et j’écrivais. Toujours la même histoire. Une histoire de petites filles qui observent les étoiles pour finir par visiter le ciel et devenir amies avec la Petite Ourse… quelque chose comme ça. Je ne l’ai jamais terminée, et je suis sûre d’avoir encore ces feuilles-là quelque part… Peut-être un jour, qui sait. Je réalise en écrivant ça que mon rôle dans notre jeu était vraiment plate, dans le fond… Mais il était représentatif de ce que je fais, ou essaie de faire aujourd’hui. Pour mon frère et ma cousine, j’étais plate dans le jeu. Mais moi, je me fesais du fun!

J’ai donc grandi en me disant que je savais écrire, et que j’allais écrire des histoires, créer des personnages, faire publier des livres…

Est-ce que j’écris mieux aujourd’hui que je le faisais dans le temps où mon livre sur les constellations qui brillaient dans le noir m’avait inspiré une histoire fanstastique? Sûrement. En fait, je travaille encore sur une histoire que j’ai commencée à écrire au secondaire, c’est-à-dire, il y a (beaucoup trop) longtemps, et je suis certaine que si je prenais le temps de comparer le début de cette histoire avec les chapitres que j’écris aujourd’hui, je remarquerais une différence. Et pas juste dans ma façon de tracer les lettres.

Mais je crois que la plus grande différence, c’est que maintenant, j’ai l’impression de plus savoir ce que je fais. J’ai toujours voulu raconter des histoires. Aujourd’hui, je raconte des histoires, mais avec des intentions.

Je me souviens de mes cours de français au Cégep, où il fallait analyser des extraits de livres. Non, je n’ai pas étudié en littérature, mais j’ai tout de même eu des cours qui visaient à apprendre à analyser différentes formes de récits. Et j’avais de la difficulté à le faire… J’avais l’impression que c’était une perte de temps, d’être obligée de chercher des détails dans chaque phrase, derrière chaque mot… Ça ne me paraissait pas naturel, de décortiquer les mots de quelqu’un d’autre pour y chercher une intention, une explication. Je me disais que je pouvais très bien comprendre et apprécier une histoire sans chercher à y voir des choses qui n’y sont pas écrites.

Mais il y a quelques jours, j’ai remarqué que les deux histoires sur lesquelles je travaille simultanément ont chacune une intention. Deux thèmes différents, mais un peu reliés, que je n’ai pas nécessairement cherché à mettre là, mais qui y sont apparus à mesure que j’écrivais.

Il s’agit de deux histoires fantastiques, avec un château et de la magie… Mais la première histoire parle plus ou moins subtilement de l’isolement et du rejet, et la deuxième parle du manque de communication et des problèmes de communication… tout en donnant, éventuellement je l’espère, des exemples de solutions à des problèmes qui, je crois, touchent beaucoup de monde. Est-ce que les gens qui liront mes histoires dans le futur trouveront ces thèmes en analysant mes écrits? Je ne sais pas.

Mais je réalise, au terme de ces réflexions, que je n’écris pas seulement pour raconter des histoires… Mais aussi dans le but de peut-être arriver à faire une petite différence, un petit changement positif dans ma vie, et dans celles d’autres personnes.

Est-ce que c’est ça, la vraie définition de «savoir écrire»?

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