La longue histoire de mon saut en parachute

Hier, j’ai été catapultée en dehors de ma zone de confort quand j’ai sauté par la porte d’un avion qui volait à 13 500 pieds d’altitude.

Contrairement à mon petit voyage en voilier, en 2017, ce n’était pas une aventure fantaisiste pour m’inspirer pour écrire une histoire qui se passe sur un grand voilier… Non, si j’ai fait un saut en parachute, c’est parce que mes parents, mon parrain et ma marraine m’ont donné un certificat cadeau pour ma fête!

Le plus drôle, dans tout ça, c’est que je n’avais jamais demandé ça comme cadeau. Jamais. Mon père a déjà sauté en parachute, en 2008. Je sais qu’on m’a déjà demandé si je serais game de le faire, et je sais que j’avais répondu oui…

Tsé, mettons, sauter en bungee, non, jamais de la vie! Mais en parachute, ben oui, je le ferais… C’est facile de dire oui quand on est persuadée que ça n’arrivera jamais.

Mais j’ai reçu un certificat cadeau, oups! Je n’avais pas le choix de m’en servir.

En fait, ce n’était pas pour ma fête de l’année passée que j’ai reçu ce cadeau particulier, mais celle de l’année d’avant. J’ai voulu aller faire mon saut en automne 2023, sauf que ça a été annulé 2 fois, parce que la température était mauvaise.

Et là, je voyais l’été 2024 passer en me disant, ouin, il faudrait bien que j’aille faire mon saut avant qu’il soit trop tard…

Mais je n’étais pas pressée d’y aller. Pourquoi? Ben… parce que j’avais peur.

Presque aussi peur de téléphoner pour prendre rendez-vous que de sauter en bas de l’avion, en fait. Je suis comme ça, moi. 🤷‍♀️

J’ai finalement pris mon courage à deux mains, j’ai appelé, et j’y suis allée, hier, en compagnie de mon fan club qui était là pour m’encourager.

Toute la semaine avant mon saut, j’étais stressée, mais quand même pas tant que ça. La nuit avant mon rendez-vous, là, j’ai très mal dormi… Je me réveillais à tout bout de champ, en vérifiant combien de temps il me restait à dormir avant de devoir aller accomplir mon destin d’écrivaine en péril.

J’ai mal dormi, mais je n’ai pas fait de cauchemar en lien avec le parachutisme… Mes rêves ne sont jamais vraiment thématiques: j’ai rêvé que j’adoptais une gerbille bizarre qui aimait grignoter le chocolat des Mini eggs de Cadbury, mais qui laissait la coquille en sucre dans sa cage.

Peut-être que pour ceux qui ont de l’expérience dans l’interprétation des rêves, ça veut dire: j’ai peur de sauter en parachute parce que ça a l’air que je vais tomber en chute libre pendant 25 secondes, et il me semble que ça va être long en maudit.

Donc, quand je me suis levée vendredi matin, c’était une belle journée ensoleillée. Aucun risque que le saut soit annulé à cause d’une mauvaise température. C’était vraiment une journée parfaite pour se pitcher en bas d’un avion!

En arrivant à l’aéroport avec mon fan club, j’ai eu une surprise. Mon certificat cadeau était pour un saut «Tandem aventure», qui implique une altitude moins haute et seulement 25 secondes passées en chute libre. Sauf que… oups, ça a l’air que j’étais là pour un saut régulier! La plus haute altitude possible, et un temps interminable en chute libre…

J’imagine que c’était à moi de préciser «Tandem aventure» au téléphone… mais je ne l’ai pas fait, et on ne m’a pas demandé non plus quelle sorte de saut je voulais. Bon, ben coudonc… c’était la chute libre que je redoutais le plus, et là, je vais en avoir beaucoup plus que prévu. Ok… GO!

Après avoir vu d’autres parachutistes atterrir, avoir été pourchassée par une guêpe qui voulait entrer dans ma sacoche, et m’être demandée pourquoi il faisait aussi chaud, j’ai été appelée sous un chapiteau où j’ai rencontré les autres gens qui allaient sauter avec moi, et mon sympathique instructeur, Étienne.

Ensuite, on a eu une mini formation qui m’a paru vraiment trop courte, et on est retournés sous le chapiteau pour se costumer. On n’était pas obligés de porter une combinaison de parachutiste, mais moi, évidemment, j’en voulais une!

Myriam porte une combinaison rouge, et se prépare pour un saut en parachute.
Une auteure, ça ne fait pas juste écrire! Parfois, ça se déguise et ça se prépare à partir en mission.

Après un petit moment d’attente, j’ai dit adieu à mon fan club et je suis entrée dans l’avion. On était un peu serrés comme des sardines, là-dedans!

Myriam est en compagnie de son instructeur de saut, et se prépare à monter dans un avion jaune.
Me voici ici en compagnie d’Étienne, mon sympathique instructeur. Derrière nous, on voit l’avion… ainsi que le portail qui va éventuellement m’aspirer dans une autre dimension de pure terreur et de hurlements sans fin! Je souris, sur la photo, parce que ça aurait sans doute troublé le photographe que je pleure en criant au secours!

J’ai déjà monté dans un avion plus petit que celui-là. Mais ce qui était bizarre, c’est qu’on était tous assis dos à l’avant de l’avion. La porte est située en arrière, donc, c’est logique. Mais monter dans le ciel à reculons, dans un petit avion qui brasse un peu, c’est une expérience assez déstabilisante, mettons!

Malgré tout, j’ai regardé par la fenêtre, j’ai repéré mon bloc appartement, et j’ai jasé avec mon instructeur, qui m’a aussi donné quelques conseils utiles. À moment donné, il m’a dit qu’on était rendus à la moitié de notre altitude… Je trouvais qu’on était déjà pas mal assez haut comme ça, mais non, il fallait monter encore, et encore…

Là, j’ai commencé à vraiment stresser. Mon stress a monté encore plus quand j’ai vu une lumière s’allumer, proche de la porte, et qu’Étienne m’a dit «Cette lumière-là, ça veut dire qu’il reste 3 minutes. Quand la lumière va s’allumer encore, la porte va s’ouvrir, et chacun notre tour, on va s’approcher pour sauter.»

Mon dieu, qu’est-ce que je fous là…? Dans quoi je me suis faite embarquer?? 😱

La lumière s’est allumée, la porte s’est ouverte… J’ai mis mes lunettes de protection, en me disant bon, ben coudonc, c’est là que ça se passe!

Je pense qu’il y avait 4 ou 5 personnes devant moi, incluant des gars qui sautaient seuls. J’ai été vraiment terrifiée de les voir sauter, parce que ça se faisait tellement vite… C’était comme voir quelqu’un se faire violemment aspirer dans une autre dimension, et disparaître… en sachant que ce serait mon tour dans quelques secondes.

Ça m’a vraiment fait peur. Et mon tour est vite arrivé, j’ai glissé sur le banc, puis sur le plancher de l’avion, devant la porte… le paysage en bas, minuscule, tellement minuscule… et puis, pouf!!

Heureusement que ce n’était pas à moi de décider quand je voulais sauter, parce que je serais peut-être encore dans l’avion, à contempler le paysage minuscule en me disant que ce n’est peut-être pas une si bonne idée. Même en sachant que j’ai un parachute, et un gars expérimenté attaché dans mon dos, et que tout va bien aller… ça reste que j’ai un instinct de survie qui me dit que sauter d’aussi haut, c’est dangereux, tsé!

Mais voilà, j’étais là devant la porte ouverte, et je n’avais aucune décision à prendre. Enweille en bas, allons tester la force de la gravité!!

Ouf! C’est fort, la gravité… Ça a l’air qu’on tombait à 200 km/heure.

Couchée sur le ventre, les jambes un peu pliées vers l’arrière, les bras serrés sur ma poitrine, le vent qui fait un bruit tellement intense tout autour de moi… et en bas, le minuscule paysage de Victoriaville, et les champs et les forêts qui l’entourent…

J’ai crié. J’ai gueulé, en fait, pas mal tout le long. Pas des hurlements joyeux comme quand j’ai du fun dans une montagne russe. Pas des cris suraigus comme quand j’ai peur dans un manège qui vire à l’envers.

Je pense que c’étaient plus des cris de pure terreur qui n’avaient aucune allure… mais heureusement, Étienne m’avait assuré que si jamais je criais pendant la chute libre, il ne m’entendrait pas. Je le crois: je ne m’entendais presque pas moi non plus.

Je n’avais même pas vraiment l’impression d’être en train de tomber… J’étais juste suspendue dans le ciel, beaucoup trop haut, avec du vent super bruyant, et j’avais peut-être peur de rester là jusqu’à la fin des temps, je ne sais pas trop.

À moment donné, Étienne m’a donné une tape sur l’épaule; c’était le signal pour que j’ouvre les bras. Je l’ai fait. Et j’ai continué à crier comme une folle… encore… et encore… Tellement que j’ai fini par me dire, voyons, c’est ben long, mon agonie dans le ciel!? Ça fait combien de temps que je gueule comme ça? Est-ce que ça vaut vraiment la peine de continuer…? Ah, ben oui, tant qu’à faire. Je commence à m’habituer à la sensation, je n’ai peut-être plus autant peur, mais je suis en chute libre dans le ciel, et personne ne va venir m’empêcher de crier autant que j’en ai envie, donc: AAAAAAAAAARRRRHHHHHHHH!!!!!

Puis, enfin, le parachute s’est ouvert! Youppi!! On a ralenti, j’ai arrêté de gueuler, et subitement c’est devenu super silencieux. Là, j’ai commencé à vraiment avoir du fun, je n’avais plus peur du tout! On se promenait dans le ciel en admirant le paysage un peu moins minuscule…

Myriam fait du parachute devant un beau ciel bleu!
Youppi, le parachute!! C’est bizarre, comment c’est fait… C’est vraiment comme une grosse voile, deux épaisseurs de toile avec des pochettes d’air entre les deux. Je n’aurais pas imaginé ça.

J’ai dit à mon instructeur que si je pouvais, je continuerais comme ça pendant des heures, tellement c’était cool! Il m’a même fait conduire un peu le parachute, et on jasait tranquillement, comme si c’était super normal d’être assis dans le ciel.

Il m’a expliqué qu’un parachute, ça atterrit un peu comme un avion. Il faut que ça fasse plusieurs passes, pour finalement se déposer au sol en étant face au vent, quelque chose comme ça.

Et un parachute, je pense que c’est aussi semblable à un voilier, dans le sens où j’ai bien de la misère à comprendre comment ça fait pour avancer face au vent.

Notre promenade dans le ciel a duré quelques minutes, et finalement, on a atterri dans l’herbe, sur le terrain de l’aéroport, où j’ai joyeusement retrouvé mon fan club.

Myriam et son instructeur sont sur l'herbe, et leur parachute traîne derrière eux.
Ah, nous voici de retour sur la pelouse! Toute bonne chose a une fin…

C’est grâce au photographe engagé par Parachute Victoriaville que j’ai pu avoir de belles photos comme ça. Mes parents ont essayé de me photographier, mais hélas, quand ils me cherchaient dans le ciel, ils étaient aveuglés par le soleil!

Myriam, en combinaison de parachutiste, lève les pouces dans les airs avec un sourire fier.
Victoire!! J’ai survécu à cette aventure intense!

J’ai aimé mon expérience. Bon, le bout en chute libre a été moins agréable de mon point de vue, mais il faisait quand même partie de l’expérience. C’était très intense et très excitant!

Et si, un jour, un de mes personnages tombe dans le vide dans une de mes histoires, je vais être bien équippée pour savoir comment il se sent. (Et j’espère qu’il ne tombera pas en chute libre jusqu’au sol…)

Mais, toi, dis moi… Est-ce que tu serais game de sauter en parachute? 🪂

Le monstre au bord du lac

J’ai écrit cette petite histoire d’horreur pour un concours organisé à l’occasion de l’Halloween. Je n’ai pas gagné, alors je vous la partage ici…

Voici: Le monstre au bord du lac.

« Il venait d’emménager dans un petit village. Pas n’importe quel village; un village niché sur la rive d’un lac dans lequel vivait un monstre célèbre, ce qui faisait en sorte que le village, lui aussi, était célèbre.

Les gens du village aimaient le monstre de leur lac. Leur monstre. Ils en étaient fiers. Ils le prenaient en photo, et partageaient des anecdotes le concernant avec les touristes qui espéraient l’apercevoir. Le monstre était leur mascotte, leur porte-bonheur. On racontait que quiconque voyait le dos ou la tête du monstre émerger brièvement entre deux vagues aurait de la chance dans la semaine à venir.

L’homme avait choisi d’emménager dans ce petit village, mais pas parce qu’il espérait avoir de la chance. Il ne croyait pas aux porte-bonheurs. Ce qu’il collectionnait, lui, c’étaient les trophées. Les trophées de chasse, et les trophées de pêche.

Il s’installa rapidement dans sa nouvelle demeure puis, sans perdre de temps, il alla à la rencontre des gens du village et il leur posa des questions sur le monstre. Ils lui montrèrent des photos, et lui partagèrent des anecdotes. Tout le monde semblait heureux de discuter avec cet étranger qui s’intéressait beaucoup à leur monstre.

Un jour, cependant, l’homme raconta à un de ses voisins que son intention était d’en apprendre le plus possible sur le monstre du lac, dans le but de le tuer. À partir de ce moment, plus personne n’accepta de parler avec lui. Les gens du village murmuraient sur son passage. On lui jetait des regards étranges quand il se rendait au marché ou au restaurant.

Mais l’homme ne s’inquiéta pas de ce soudain changement d’attitude de la part des gens du village. Il estimait avoir appris ce qu’il avait besoin de savoir. Il mit donc sa chaloupe à l’eau et partit à la recherche du monstre, sa nouvelle proie.

Il lui fallut une semaine complète avant de l’apercevoir, et une semaine de plus avant de se trouver suffisamment près de lui pour tenter sa chance. Il s’empara de sa carabine, et tira. Le monstre rugit et s’enfonça sous l’eau avec une large éclaboussure de sang.

Patient, l’homme attendit, les yeux rivés à la surface du lac. Selon ce qu’il avait appris, le monstre, s’il n’avait pas été tué par la balle, devrait éventuellement remonter à la surface afin de respirer. Il apparut au bout d’un moment, mais loin de la chaloupe de l’homme. Celui-ci tenta néanmoins de tirer sur la cible mouvante. Le monstre rugit, et replongea sous l’eau.

L’homme attendit encore, puis se lassa et rentra chez lui. Il revint au même endroit le jour suivant, et le jour d’après, mais ne vit aucune trace du monstre.

Environ une semaine plus tard, alors que l’homme se rendait au marché, il remarqua un attroupement inhabituel sur la plage du village. Il s’approcha. Là, autour d’une masse répugnante et gélatineuse étalée sur le sable granuleux, les gens rassemblés discutaient bruyamment.

Que les habitants du village puissent être horrifiés, furieux ou attristés de la mort de leur monstre ne lui effleura pas l’esprit. Il avait réussi à l’abattre! À sa fierté d’être parvenu à tuer le monstre s’ajouta sa certitude que son nom serait à jamais associé à celui de l’immonde créature mystérieuse, et qu’il deviendrait à son tour célèbre, renommé, immortel.

Si le monstre du lac avait eu des cornes ou des griffes impressionnantes, l’homme s’en serait volontiers emparé. Mais rien, sur ce corps pâle, mou et informe, ne pourrait lui servir de trophée. Il songea donc à simplement en prendre une photo, mais il devrait d’abord attendre que les curieux se soient éloignés. Il espérait que la plage redeviendrait calme avant que les oiseaux et les insectes ne commencent à s’intéresser de trop près au monstre. Il était déjà horrible; il n’avait pas besoin en plus d’être à demi dévoré et pourri.

L’homme rentra donc chez lui en se promettant de revenir sur la plage tôt le lendemain matin, avant que les gens du village soient levés. Seul dans sa cuisine, il célébra sa victoire sur le monstre du lac en ouvrant une bonne bouteille de vin puis, après un repas léger, il alla se coucher.

Il se réveilla en sursaut quelques heures après s’être endormi. Sa chambre était plongée dans les ténèbres, et il entendait un orage imposant marteler les murs et le toit de sa maison. Il retint son souffle; trois coups furent frappés à la porte avant. Il tenta d’allumer sa lampe de chevet, mais ne put obtenir aucune lumière. L’électricité avait été coupée, semblait-il, à cause de l’orage. Il se frotta les yeux, sortit de son lit, enfila une robe de chambre, et se rendit à la cuisine en marmonnant son mécontentement.

Qui pouvait bien frapper à sa porte au milieu de la nuit, pendant un orage comme celui-ci?

Personne. Il n’y avait personne. Il jeta un coup d’œil dans les environs, puis commença à se diriger vers sa chambre lorsqu’il entendit de nouveaux coups qui semblaient venir de sous une fenêtre.

Il se figea. Des garnements devaient essayer de lui jouer un tour. Il décida de ne pas entrer dans leur jeu, et il retourna se coucher.

Mais les coups ne cessèrent pas, au contraire. De nouveaux coups retentissaient, d’un côté de la maison, puis de l’autre. L’homme se leva, s’assit sur son lit pendant un moment, puis retourna dans la cuisine et jeta un coup d’œil à l’extérieur, par l’une des fenêtres. Au même moment, il entendit de nouveaux coups qui semblaient avoir été frappés contre un des murs de sa chambre.

Il recula vivement, trébucha en se cognant sur une chaise, puis resta debout au milieu de la pièce, étourdi et de plus en plus inquiet.

Il n’était pas du genre à avoir énormément d’imagination, mais son esprit apeuré par le bruit et par la noirceur, et peut-être un peu engourdi par le vin, se mit à imaginer quelque chose. Peut-être que le monstre n’était pas mort. Peut-être qu’il avait simplement été blessé. Peut-être qu’il était venu se venger, qu’il tournait autour de la maison, vif et sournois, son corps luisant et mou se déplaçant avec aisance sous la pluie glaciale.

Peut-être encore y avait-il un deuxième monstre, venu venger la mort de son frère, de sa mère, ou de son amant. Un deuxième monstre en colère, toute une famille de monstres, pourquoi pas? Et ils tentaient de l’attirer hors de sa maison…

Il songea à s’emparer de sa carabine, mais ne la trouva pas à sa place habituelle même si ses yeux s’étaient habitués à la noirceur. Elle n’était plus dans la petite armoire située près de la porte. L’avait-il oubliée dans sa chaloupe? Ça semblait improbable, mais il ne voyait pas d’autre explication.

Il resta debout dans sa cuisine, à tourner la tête dans la direction d’où lui semblaient provenir les coups frappés contre les murs de sa maison, et à imaginer différents scénarios. Il ne songea pas à crier aux monstres de partir ni à téléphoner à la police. Il voulait simplement retourner se coucher, mais il savait que dormir serait impossible.

Alors que les coups s’intensifiaient, il poussa un grognement de rage, ouvrit un tiroir, et en sortit un long couteau dont il se servait surtout pour couper de la viande. Il se précipita vers la porte d’un pas ferme, mais alors qu’il posa sa main libre sur la poignée, le silence tomba. Même l’orage semblait s’être tu.

Il cligna des yeux, essuya de la manche de sa robe de chambre son front humide de sueur. Qu’était-il en train de faire? Avait-il vraiment eu l’intention de se battre contre un ou plusieurs monstres en brandissant un couteau de chef? Et puis, y avait-il réellement des monstres?

Il tendit l’oreille, mais n’entendit plus un bruit. Il expira longuement, puis tourna la poignée et entrouvrit la porte. Il ne vit rien de particulier. La pluie tombait doucement, sans bruit, et la lune et les étoiles étaient voilées.

Il sortit de sa maison, mais c’était une erreur. S’il était resté à l’intérieur, peut-être que les choses se seraient terminées autrement. Peut-être que le temps aurait tout arrangé, comme il le faisait souvent, mais pas toujours. Peut-être qu’il aurait pu continuer à vivre dans le petit village, et finir par y trouver la paix.

Après tout, il venait tout juste d’y emménager, de commencer une nouvelle vie, de prendre un nouveau départ. Mais le lendemain de cette nuit étrange, son corps fut retrouvé sur une plage située de l’autre côté du lac. Il était mort, mais il ne s’était probablement pas noyé.

Quelqu’un lui avait tiré une balle dans la tête. »