La longue histoire de mon saut en parachute

Hier, j’ai été catapultée en dehors de ma zone de confort quand j’ai sauté par la porte d’un avion qui volait à 13 500 pieds d’altitude.

Contrairement à mon petit voyage en voilier, en 2017, ce n’était pas une aventure fantaisiste pour m’inspirer pour écrire une histoire qui se passe sur un grand voilier… Non, si j’ai fait un saut en parachute, c’est parce que mes parents, mon parrain et ma marraine m’ont donné un certificat cadeau pour ma fête!

Le plus drôle, dans tout ça, c’est que je n’avais jamais demandé ça comme cadeau. Jamais. Mon père a déjà sauté en parachute, en 2008. Je sais qu’on m’a déjà demandé si je serais game de le faire, et je sais que j’avais répondu oui…

Tsé, mettons, sauter en bungee, non, jamais de la vie! Mais en parachute, ben oui, je le ferais… C’est facile de dire oui quand on est persuadée que ça n’arrivera jamais.

Mais j’ai reçu un certificat cadeau, oups! Je n’avais pas le choix de m’en servir.

En fait, ce n’était pas pour ma fête de l’année passée que j’ai reçu ce cadeau particulier, mais celle de l’année d’avant. J’ai voulu aller faire mon saut en automne 2023, sauf que ça a été annulé 2 fois, parce que la température était mauvaise.

Et là, je voyais l’été 2024 passer en me disant, ouin, il faudrait bien que j’aille faire mon saut avant qu’il soit trop tard…

Mais je n’étais pas pressée d’y aller. Pourquoi? Ben… parce que j’avais peur.

Presque aussi peur de téléphoner pour prendre rendez-vous que de sauter en bas de l’avion, en fait. Je suis comme ça, moi. 🤷‍♀️

J’ai finalement pris mon courage à deux mains, j’ai appelé, et j’y suis allée, hier, en compagnie de mon fan club qui était là pour m’encourager.

Toute la semaine avant mon saut, j’étais stressée, mais quand même pas tant que ça. La nuit avant mon rendez-vous, là, j’ai très mal dormi… Je me réveillais à tout bout de champ, en vérifiant combien de temps il me restait à dormir avant de devoir aller accomplir mon destin d’écrivaine en péril.

J’ai mal dormi, mais je n’ai pas fait de cauchemar en lien avec le parachutisme… Mes rêves ne sont jamais vraiment thématiques: j’ai rêvé que j’adoptais une gerbille bizarre qui aimait grignoter le chocolat des Mini eggs de Cadbury, mais qui laissait la coquille en sucre dans sa cage.

Peut-être que pour ceux qui ont de l’expérience dans l’interprétation des rêves, ça veut dire: j’ai peur de sauter en parachute parce que ça a l’air que je vais tomber en chute libre pendant 25 secondes, et il me semble que ça va être long en maudit.

Donc, quand je me suis levée vendredi matin, c’était une belle journée ensoleillée. Aucun risque que le saut soit annulé à cause d’une mauvaise température. C’était vraiment une journée parfaite pour se pitcher en bas d’un avion!

En arrivant à l’aéroport avec mon fan club, j’ai eu une surprise. Mon certificat cadeau était pour un saut «Tandem aventure», qui implique une altitude moins haute et seulement 25 secondes passées en chute libre. Sauf que… oups, ça a l’air que j’étais là pour un saut régulier! La plus haute altitude possible, et un temps interminable en chute libre…

J’imagine que c’était à moi de préciser «Tandem aventure» au téléphone… mais je ne l’ai pas fait, et on ne m’a pas demandé non plus quelle sorte de saut je voulais. Bon, ben coudonc… c’était la chute libre que je redoutais le plus, et là, je vais en avoir beaucoup plus que prévu. Ok… GO!

Après avoir vu d’autres parachutistes atterrir, avoir été pourchassée par une guêpe qui voulait entrer dans ma sacoche, et m’être demandée pourquoi il faisait aussi chaud, j’ai été appelée sous un chapiteau où j’ai rencontré les autres gens qui allaient sauter avec moi, et mon sympathique instructeur, Étienne.

Ensuite, on a eu une mini formation qui m’a paru vraiment trop courte, et on est retournés sous le chapiteau pour se costumer. On n’était pas obligés de porter une combinaison de parachutiste, mais moi, évidemment, j’en voulais une!

Myriam porte une combinaison rouge, et se prépare pour un saut en parachute.
Une auteure, ça ne fait pas juste écrire! Parfois, ça se déguise et ça se prépare à partir en mission.

Après un petit moment d’attente, j’ai dit adieu à mon fan club et je suis entrée dans l’avion. On était un peu serrés comme des sardines, là-dedans!

Myriam est en compagnie de son instructeur de saut, et se prépare à monter dans un avion jaune.
Me voici ici en compagnie d’Étienne, mon sympathique instructeur. Derrière nous, on voit l’avion… ainsi que le portail qui va éventuellement m’aspirer dans une autre dimension de pure terreur et de hurlements sans fin! Je souris, sur la photo, parce que ça aurait sans doute troublé le photographe que je pleure en criant au secours!

J’ai déjà monté dans un avion plus petit que celui-là. Mais ce qui était bizarre, c’est qu’on était tous assis dos à l’avant de l’avion. La porte est située en arrière, donc, c’est logique. Mais monter dans le ciel à reculons, dans un petit avion qui brasse un peu, c’est une expérience assez déstabilisante, mettons!

Malgré tout, j’ai regardé par la fenêtre, j’ai repéré mon bloc appartement, et j’ai jasé avec mon instructeur, qui m’a aussi donné quelques conseils utiles. À moment donné, il m’a dit qu’on était rendus à la moitié de notre altitude… Je trouvais qu’on était déjà pas mal assez haut comme ça, mais non, il fallait monter encore, et encore…

Là, j’ai commencé à vraiment stresser. Mon stress a monté encore plus quand j’ai vu une lumière s’allumer, proche de la porte, et qu’Étienne m’a dit «Cette lumière-là, ça veut dire qu’il reste 3 minutes. Quand la lumière va s’allumer encore, la porte va s’ouvrir, et chacun notre tour, on va s’approcher pour sauter.»

Mon dieu, qu’est-ce que je fous là…? Dans quoi je me suis faite embarquer?? 😱

La lumière s’est allumée, la porte s’est ouverte… J’ai mis mes lunettes de protection, en me disant bon, ben coudonc, c’est là que ça se passe!

Je pense qu’il y avait 4 ou 5 personnes devant moi, incluant des gars qui sautaient seuls. J’ai été vraiment terrifiée de les voir sauter, parce que ça se faisait tellement vite… C’était comme voir quelqu’un se faire violemment aspirer dans une autre dimension, et disparaître… en sachant que ce serait mon tour dans quelques secondes.

Ça m’a vraiment fait peur. Et mon tour est vite arrivé, j’ai glissé sur le banc, puis sur le plancher de l’avion, devant la porte… le paysage en bas, minuscule, tellement minuscule… et puis, pouf!!

Heureusement que ce n’était pas à moi de décider quand je voulais sauter, parce que je serais peut-être encore dans l’avion, à contempler le paysage minuscule en me disant que ce n’est peut-être pas une si bonne idée. Même en sachant que j’ai un parachute, et un gars expérimenté attaché dans mon dos, et que tout va bien aller… ça reste que j’ai un instinct de survie qui me dit que sauter d’aussi haut, c’est dangereux, tsé!

Mais voilà, j’étais là devant la porte ouverte, et je n’avais aucune décision à prendre. Enweille en bas, allons tester la force de la gravité!!

Ouf! C’est fort, la gravité… Ça a l’air qu’on tombait à 200 km/heure.

Couchée sur le ventre, les jambes un peu pliées vers l’arrière, les bras serrés sur ma poitrine, le vent qui fait un bruit tellement intense tout autour de moi… et en bas, le minuscule paysage de Victoriaville, et les champs et les forêts qui l’entourent…

J’ai crié. J’ai gueulé, en fait, pas mal tout le long. Pas des hurlements joyeux comme quand j’ai du fun dans une montagne russe. Pas des cris suraigus comme quand j’ai peur dans un manège qui vire à l’envers.

Je pense que c’étaient plus des cris de pure terreur qui n’avaient aucune allure… mais heureusement, Étienne m’avait assuré que si jamais je criais pendant la chute libre, il ne m’entendrait pas. Je le crois: je ne m’entendais presque pas moi non plus.

Je n’avais même pas vraiment l’impression d’être en train de tomber… J’étais juste suspendue dans le ciel, beaucoup trop haut, avec du vent super bruyant, et j’avais peut-être peur de rester là jusqu’à la fin des temps, je ne sais pas trop.

À moment donné, Étienne m’a donné une tape sur l’épaule; c’était le signal pour que j’ouvre les bras. Je l’ai fait. Et j’ai continué à crier comme une folle… encore… et encore… Tellement que j’ai fini par me dire, voyons, c’est ben long, mon agonie dans le ciel!? Ça fait combien de temps que je gueule comme ça? Est-ce que ça vaut vraiment la peine de continuer…? Ah, ben oui, tant qu’à faire. Je commence à m’habituer à la sensation, je n’ai peut-être plus autant peur, mais je suis en chute libre dans le ciel, et personne ne va venir m’empêcher de crier autant que j’en ai envie, donc: AAAAAAAAAARRRRHHHHHHHH!!!!!

Puis, enfin, le parachute s’est ouvert! Youppi!! On a ralenti, j’ai arrêté de gueuler, et subitement c’est devenu super silencieux. Là, j’ai commencé à vraiment avoir du fun, je n’avais plus peur du tout! On se promenait dans le ciel en admirant le paysage un peu moins minuscule…

Myriam fait du parachute devant un beau ciel bleu!
Youppi, le parachute!! C’est bizarre, comment c’est fait… C’est vraiment comme une grosse voile, deux épaisseurs de toile avec des pochettes d’air entre les deux. Je n’aurais pas imaginé ça.

J’ai dit à mon instructeur que si je pouvais, je continuerais comme ça pendant des heures, tellement c’était cool! Il m’a même fait conduire un peu le parachute, et on jasait tranquillement, comme si c’était super normal d’être assis dans le ciel.

Il m’a expliqué qu’un parachute, ça atterrit un peu comme un avion. Il faut que ça fasse plusieurs passes, pour finalement se déposer au sol en étant face au vent, quelque chose comme ça.

Et un parachute, je pense que c’est aussi semblable à un voilier, dans le sens où j’ai bien de la misère à comprendre comment ça fait pour avancer face au vent.

Notre promenade dans le ciel a duré quelques minutes, et finalement, on a atterri dans l’herbe, sur le terrain de l’aéroport, où j’ai joyeusement retrouvé mon fan club.

Myriam et son instructeur sont sur l'herbe, et leur parachute traîne derrière eux.
Ah, nous voici de retour sur la pelouse! Toute bonne chose a une fin…

C’est grâce au photographe engagé par Parachute Victoriaville que j’ai pu avoir de belles photos comme ça. Mes parents ont essayé de me photographier, mais hélas, quand ils me cherchaient dans le ciel, ils étaient aveuglés par le soleil!

Myriam, en combinaison de parachutiste, lève les pouces dans les airs avec un sourire fier.
Victoire!! J’ai survécu à cette aventure intense!

J’ai aimé mon expérience. Bon, le bout en chute libre a été moins agréable de mon point de vue, mais il faisait quand même partie de l’expérience. C’était très intense et très excitant!

Et si, un jour, un de mes personnages tombe dans le vide dans une de mes histoires, je vais être bien équippée pour savoir comment il se sent. (Et j’espère qu’il ne tombera pas en chute libre jusqu’au sol…)

Mais, toi, dis moi… Est-ce que tu serais game de sauter en parachute? 🪂

Ma priorité pour 2024: Sechora

Je travaille toujours sur plusieurs projets en même temps. Et j’ai souvent de nouvelles idées, alors je rajoute des projets sur ma liste de choses que je veux faire…

Mais bien sûr, je manque de temps. Comme tout le monde, j’imagine.

Mon projet le plus important cette année, celui que je veux absolument prioriser, c’est Sechora. Mon roman dont vous êtes le héros. Un gros livre… Un très gros livre.

Il y a quelques années, en 2018, plus précisément, j’avais calculé et prédit que je terminerais de l’écrire en 2024.

On est en 2024. Est-ce que j’ai terminé d’écrire Sechora? Non.

Mais presque! Ma conclusion est presque terminée, et je me suis lancée dans une grande première révision. Il faut aussi que je termine de taper à l’ordinateur tout ce que j’ai écrit sur des feuilles lignées…

Il me reste encore énormément de travail à faire. Mais j’ai déjà tellement travaillé sur ce projet, et depuis tellement d’années (je vous parle d’un livre auquel j’ai déjà consacré plus que la moitié de ma vie!) que je VEUX absolument le terminer cette année.

Je veux terminer ce livre en 2024, le publier, et passer à autre chose… parce que si ça s’éternise encore, je pourrais finir par en être tannée. Je pourrais peut-être même finir par le détester! Et je ne veux pas que ça arrive, ça.

La seule solution, c’est donc de continuer à travailler, à travailler fort, et à tout faire pour réussir à accomplir mon objectif. Je veux que ça devienne ma priorité.

Mais c’est plus facile à dire qu’à faire, et je pense bien que c’est parce que j’ai peur.

Oui, j’ai peur. J’ai peur que les gens le lisent, et le trouvent sans intérêt, ou pire encore, qu’ils ne se donnent même pas la peine de le lire. J’ai peur que mon livre soit publié dans l’indifférence générale. J’ai peur que ce soit un échec.

J’ai peur que ce projet auquel j’ai déjà consacré plus que la moitié de ma vie soit un échec.

Et je pense être aussi réaliste que pessimiste en me disant que ça ne serait pas du tout impossible que ce soit le cas. Parce qu’en 10 ans de carrière d’auteure inconnue, je me suis prouvé à plusieurs reprises que je n’étais pas très douée pour vendre mes livres.

J’essaie. Je fais des efforts. Mais c’est extrêmement rare que ça fonctionne.

Bien sûr, Sechora, je l’ai écrit pour moi. Je l’ai écrit pour la jeune ado qui aimait les livres dont vous êtes le héros, mais qui n’aimait pas compter des points et utiliser des dés pour combattre les adversaires de son personnage. Elle trouvait aussi que les personnages des livres qu’elle lisait manquaient aussi souvent de profondeur, alors elle a eu l’idée d’écrire un livre avec quatre personnages distincts, bien développés.

J’ai écrit ce livre pour moi. Mais maintenant, j’ai besoin de le publier. J’ai besoin de le partager. Et par-dessus tout, j’ai besoin que des gens l’aiment.

J’ai besoin de pouvoir regarder derrière moi et me dire, oui, ma fille, tout ce que tu as accompli, toutes tes années de travail, ta passion, tes doutes, ta minutie, ton acharnement, ton amour pour tes personnages, ton rêve de voir ce projet prendre vie, tout, tout ça, ça a valu la peine. Tu as bien fait de ne pas abandonner, même si tu aurais pu le faire un milliard de fois. Tu as continué, tu as réussi, et je suis fière de toi!

Mais pour l’instant, même si je suis motivée, et même si je sais ce que j’ai à faire, et dans quelle direction je m’en vais… ça n’avance pas vite, parce que j’ai peur.

Et je sais que c’est normal. Ça s’appelle la résistance: la même résistance qui empêche souvent les auteurs d’écrire. La résistance, elle essaie de me protéger en m’empêchant d’accomplir quelque chose qui est important pour moi. Sa logique c’est que si mon livre n’est jamais publié, personne ne va le lire, et donc, personne ne va le détester, le trouver médiocre, ou le trouver tout à fait dénué d’intérêt. Personne ne va l’ignorer non plus, puisqu’il n’existera pas!

Au fond, la résistance, c’est mon amie. Ou en tout cas, elle veut mon bien. C’est juste qu’elle s’y prend un peu mal…

Il faut que je surmonte ma peur. Que je continue malgré tout.

Comme Leïya, Nycolah, Ève, et Damien, mes personnages, je dois continuer ma quête, sans savoir si je vais en sortir victorieuse… ou épuisée et amèrement déçue.

Au moins, contrairement à eux, je ne risque pas de me faire tuer par des créatures démoniaques!

Un carnet sur lequel c'est écrit Croquis pour Sechora.
Je vais avoir plein de dessins à faire, pour la publication de Sechora… Je vais donc m’amuser dans mon carnet de croquis fait à la main, avec des feuilles de papier et du fil!

#Sechora2024

Quelque part en 2018, j’avais calculé que je devrais être capable de publier mon roman dont vous êtes le héros en 2024.

Il me semble que j’avais utilisé #Sechora2024 à quelques reprises sur Facebook, en me trouvant bien comique. À cette époque-là, c’était un objectif lointain. Ça ne me semblait pas tout à fait réaliste, parce que je savais bien qu’il me restait beaucoup à écrire avant d’atteindre la fin de cette longue histoire, mais en même temps, je pouvais me permettre d’y croire.

Maintenant, on est au début de l’année 2023… Est-ce que j’ai fini d’écrire l’histoire de Sechora?

Non, pas encore. Mais je suis en train d’écrire le dernier chapitre! Bon, ensuite, il va me rester à écrire une petite conclusion pour chaque personnage que les lecteurs vont pouvoir incarner. Mais j’ai presque fini!

Ces gens-là et cette carte-là sont affichés sur le mur, juste devant mon bureau d’écriture!

Si vous n’avez jamais entendu parler de Sechora, sachez que c’est un projet qui me tient à coeur. Un projet à long terme. Ça fait sérieusement plus que la moitié de ma vie que je travaille sur l’histoire de Sechora!

Quand je vois des auteurs écrire un roman en moins d’un an, voire en quelques mois, je me demande vraiment comment ils font. Je le répète: j’ai travaillé sur ce livre pendant plus que la moitié de ma vie! Et il n’est pas encore fini…

(J’ai présentement 37 ans, si ça peut vous donner une idée du temps que j’ai passé sur ce projet.)

Je pense donc que c’est un peu normal que j’appréhende les étapes suivantes… Parce que oui, réviser tout ce que j’ai écrit, vérifier si tout est cohérent, illustrer et faire la mise en page de mon roman, ça va être très long.

Pour l’instant, mon manuscrit ressemble à ça. Parce que oui, c’est un vrai manuscrit, écrit à la main! Des paquets de feuilles lignées, un pour chaque chapitre de chaque personnage, mis en valeur dans un présentoir en plastique acheté pendant la vente de fermeture du Zellers.
(Un autre détail qui témoigne de l’âge du projet…)

Et puis, c’est épeurant. Imaginez travailler sur quelque chose pendant plus que 20 ans, et présenter avec fierté votre projet au monde entier… pour ensuite éprouver de la déception parce que le monde entier, au fond, n’en a rien à faire de ce projet, de vos efforts, de votre travail, et de votre ténacité.

Ça me fait peur, ça.

Et je sais très bien que plus un projet est important, plus on espère qu’il va recevoir un bon accueil. On espère que d’autres gens vont le découvrir, l’apprécier, le trouver important eux aussi. On espère avoir du succès, quoi.

Et du succès, j’ai l’impression que c’est quelque chose d’assez rare, dans ma carrière d’auteure inconnue…

Je vais finir d’écrire Sechora, et je vais travailler fort pour le réviser, le publier, et le promouvoir. Je vais le publier en 2024, si possible.

Je vais le faire, parce que c’est important pour moi.

Mais j’ai peur. Et je me dis que c’est probablement une raison de plus pour le faire.

Après tout, Sechora: Les Disciples de Nacci, c’est un roman dont vous êtes le héros qui rassemble 4 personnages assez différents les uns des autres, qui se lancent dans une quête qui semble un peu perdue d’avance.

Ils doivent apprendre à collaborer ensemble, et surtout, à trouver en eux le courage de continuer…

Je vais donc être courageuse, donner enfin naissance à mon bébé, et ensuite passer le reste de ma vie à essayer de convaincre les gens de le lire.

Défi accepté!

J’ai peur des gens

Je ne suis pas une fille très sociable, et je ne me sens pas à l’aise avec tout le monde. Pas avec n’importe qui. Et ça m’arrive de me dire que c’est parce que parfois, j’ai peur des gens.

Pourquoi?

J’ai peur des gens parce qu’il y en a qui semblent croire que d’autres méritent de mourir à cause de la couleur de leur peau. Parce qu’il y en a qui méprisent ceux qui ne leur ressemblent pas. Parce qu’il y en a qui sont fiers de déclarer qu’ils sont racistes. Parce qu’il y en a qui ont décidé que la pandémie n’était qu’un mensonge ou une conspiration, et qu’ils se moquent de ceux qui prennent la mort et la souffrance au sérieux. Parce qu’il y en a qui semblent vouloir profiter de la situation pour mettre en place des lois qui n’ont pas d’allure. Parce qu’il y en a qui, derrière leur écran, se permettent d’insulter, de ridiculiser et de rabaisser ceux qui ne pensent pas comme eux, qui ne partagent pas leurs valeurs, leurs opinions et leurs certitudes. Et je pourrais énumérer plusieurs autres raisons…

Est-ce qu’on ne pourrait pas juste être gentils et bienveillants les uns envers les autres? Si c’est trop difficile de s’aimer, est-ce qu’on pourrait au moins juste se respecter, et respecter le fait qu’on est tous différents? Come on, la gang, je suis sûre qu’on est capables!

J’ai peur des êtres humains parce qu’ils peuvent être méchants, cruels, violents, égoïstes, méprisants et stupides… Alors que je sais très bien qu’ils peuvent aussi être honnêtes, généreux, tolérants, altruistes, et pleins de compassion et de bonnes intentions.

Mais des fois… on dirait que ça ne leur tente juste pas?

 

Ça peut sembler bizarre de dire que j’ai peur des gens mais que j’aime les films d’horreur… Mais sérieusement, je n’ai jamais vu un film aussi effrayant que la réalité. Et même quand un film est troublant, révoltant ou dégoûtant, ce n’est qu’un film, une histoire. Personne n’a souffert pour de vrai.

Et d’une certaine manière, je pense que le fait de regarder des films d’horreur, ou certains films, en tout cas, me permet d’essayer de mieux comprendre les gens. D’essayer de mieux comprendre leurs motivations, leurs forces et leurs faiblesses. C’est quelque chose que je ne sais pas comment bien expliquer, mais je pense que les fantômes, les adorateurs de Satan qui font des sacrifices humains, les vampires, les poupées maléfiques, et même les tueurs fous m’aident à avoir une meilleure vision de l’humanité.

C’est aussi un peu pour ça que j’écris.

Dans mes histoires, il y a des personnages méchants, oui. Et des bonnes personnes qui peuvent faire de mauvaises choses. Mais pour les rendre crédibles, il faut que je me mette à leur place pour comprendre pourquoi ils font ce qu’ils font, et pour essayer de le faire comprendre aux lecteurs.

Et puis, en tant qu’auteure, je peux m’arranger pour punir les personnages qui sont vraiment horribles… Et en montrant des exemples de personnages bien intentionnés qui se retrouvent dans des situations douloureuses ou injustes, mais qui ne deviennent pas des monstres pour autant, je pense que je me crée un peu de réconfort.

Donc, j’ai peur des gens, mais je ne les déteste pas. Je sais qu’ils sont capables du meilleur comme du pire, et j’essaie, à ma manière, de comprendre pourquoi…

 

Il y a des moments où je suis juste découragée

Aujourd’hui, c’était la première journée de la vente trottoir. En principe, ça devait durer jusqu’à 9h ce soir, mais à cause du vent et de la pluie, je suis rentrée chez nous plus tôt que prévu.

Il y avait quand même un peu de monde sur la rue, mais très peu d’intérêt pour mon kiosque. Malgré tout, je souriais aux passants, je faisais des efforts pour rester positive, pour me dire que je n’avais pas investi mon temps, mes efforts et mon argent pour rien. Comme je le fais à chaque fois.

Puis, la pluie qui est venue gâcher la journée, et qui risque de gâcher aussi les deux prochaines journées de la vente trottoir.

Ce qui me décourage, ce n’est pas la mauvaise température. Ce qui me décourage, me fait de la peine, et me fait un peu mal, aussi, c’est le constat que l’indifférence et le manque d’intérêt des gens, ajoutés au sentiment d’être insignifiante et d’avoir travaillé fort pour rien, c’est exactement ce qui se passe à chaque fois.

À chaque fois que j’essaie quelque chose. À chaque fois que je participe à un évènement avec mes livres, à chaque fois que j’ai une idée, un projet, un plan. Peu importe le temps, les efforts, et l’argent que j’investis. Peu importe à quel point je suis passionnée, enthousiaste et déterminée. Ça ne donne jamais rien, ou si ça donne quelque chose, c’est quelque chose de minuscule: un tout petit peu de fierté, un tout petit peu de joie, un tout petit peu d’argent. Deux ou trois nouvelles personnes qui vont peut-être lire un de mes livres, qui vont peut-être l’aimer, mais qui ne m’en parleront probablement pas.

Et quand je pense à tout ça, je me mets à penser à une idée géniale que j’ai eue pour le lancement de mon livre dont vous êtes le héros. Ça fait une éternité que je travaille dessus, et quand il va être enfin prêt, je veux organiser un «lancement de livre dont vous êtes le héros»… J’adore mon idée. C’est un projet sur lequel j’ai hâte de travailler, mais en même temps, je suis terrifiée… Il n’y aura probablement personne. Ça n’intéressera personne, ça n’attirera personne, et je pense au temps et aux efforts que je vais fournir pour essayer d’en faire un évènement unique et vraiment cool, et j’ai peur de juste être déçue et découragée à la fin de cette journée-là. Avoir des plans précis pour son futur, c’est important, non?

Un des voisins de mes parents est passé devant mon kiosque à la vente trottoir, et il m’a demandé comment je trouvais le temps et l’énergie pour écrire et publier autant de livres. Je lui ai répondu, avec un sourire, que dans la vie, il faut choisir ses priorités… Et je le pense vraiment. Écrire, pour moi, c’est une priorité. J’ai besoin d’écrire. Mes histoires, mes personnages, mes livres, c’est important pour moi.

Mais le monde s’en fout, de mes livres. Le monde n’a pas besoin de mes livres. Je pense que la seule personne qui a vraiment, vraiment besoin de mes livres, c’est moi.

Mais je ne dois pas être la seule artiste à penser comme ça au moins une fois de temps en temps… n’est-ce pas?

C’est pour ça que malgré les déceptions, les frustrations, et tout le reste, je n’abandonnerai pas. Je ne peux pas abandonner. J’aime écrire, j’aime créer mes livres. J’aime ce que je fais. Je n’ai pas peur de continuer à travailler fort et à essayer de me lancer dans des nouveaux projets. Mais j’aimerais juste ça, au moins une fois de temps en temps, avoir l’impression que je n’ai pas travaillé pour rien.

Il me semble que ça doit être agréable et valorisant…