J’ai le regret de vous informer que j’ai décidé d’abandonner mon projet de livre… En relisant mon histoire, je réalise qu’elle n’est pas assez bonne, et que ça ne marchera pas comme je voulais. Et puis, publier un livre, c’est trop compliqué… J’ai autres choses à faire avec mon temps.
… Poisson d’avril!
Quelle bonne blague. Malgré cela, j’avoue qu’il y a quand même, parfois, une partie de moi qui pense comme ça. Une partie de moi que j’ai appris à désigner sous le nom de Résistance, et à laquelle je m’efforce d’accorder de moins en moins d’attention.
La page couverture de mon livre est presque terminée. Je travaille encore à la révision finale de tous mes chapitres, un par un… À force de relire mon histoire, de l’examiner à la loupe et de tenter de la perfectionner… on dirait que je suis de plus en plus tannée de la voir. C’est la même chose avec tout ce que je fais… Une peinture, un dessin, ou tout autre projet sur lequel je travaille depuis trop longtemps a de bonnes chances de finir par m’énerver au point où je ne suis plus capable de le voir, et encore moins capable d’en être fière. Ou plutôt, oui, j’en suis fière, mais je ne suis pas capable d’apprécier mon sentiment de fierté au maximum.
Oui, je suis fière de mon histoire. Je sais qu’elle est bonne. Mais le fait de la réviser, encore, amène mon amie la Résistance à me dire que mon livre n’est pas bien écrit, qu’il est sans intérêt, et qu’il ne plaira à personne. Un beau combat contre moi-même. Encore.
Écrire mon histoire m’a pris du temps, beaucoup trop de temps. Mais au moins, pendant que j’étais assise à mon bureau et que j’écrivais, je n’avais pas à me soucier de ce que le monde allait penser de mon histoire. Maintenant, je n’ai pas vraiment le choix d’y penser. Réviser, c’est différent. C’est plus difficile. Mais je tiens quand même à le faire moi-même…
Est-ce que mon livre est bien écrit? Est-ce qu’il est intéressant? Est-ce qu’il pourra plaire à quelqu’un? Il faut que je garde en tête que rendue où je suis rendue, ce n’est plus à moi à en juger. Ce sera aux lecteurs et lectrices potentiels, qui doivent bien exister quelque part. Ma job à moi, c’est de ne pas abandonner, et de publier mon livre, comme je veux le faire depuis longtemps.
Et si jamais le monde entier trouve que mon livre est vraiment poche, je pourrai me dire… «Wow, le monde entier a lu mon livre?? Cool!»

Gringoire célèbre le jour du Poisson d’Avril à sa manière… C’est-à-dire, en étant un poisson.